A lire : la nouvelle « La Guerrière » d’Abbas

 LA GUERRIERE
 
Des cheveux longs regroupés sur l’arrière, de longues jambes et des cuisses fuselées, une silhouette fine et musclée en même temps, une démarche chaloupée mais ferme constituaient le personnage de cette guerrière qui œuvrait sur les rings depuis quelques temps maintenant.
 
On envisage plus aisément un homme en combattant ou en roi du ring. Les coups, la sueur et la violence sont l’apanage de la virilité et pourtant les femmes sur les rings déploient la même science, la même combativité, ce qui nous place à égalité en tout cas en ce domaine…
 
L’égalité illusoire que cette société veut nous faire avaler de force s’écroule dès que l’on se pose une seule question.
 
Où est l’égalité entre une femme riche et une femme pauvre ?
 
A ce titre pourquoi devrait-on imaginer une égalité entre un homme et une femme alors que la différence est essentielle et ne requière aucune supériorité d’aucune sorte !
Pourtant dans le domaine des sports de contact, cette égalité existe…
Une femme sur un ring déploie autant de talent qu’un homme !
Mais alors où sont ces rêves de petite fille ?
Sa recherche du prince charmant, son côté maternel ?
 
La créature que nous voyons évoluer devant nous, captivante et combattante, nous impressionne par son aisance.
Elle commençait son entraînement par le traditionnel footing du matin, en course moyenne puis en accélération formule fractionné. Elle rejoignait la salle en fin d’après-midi, la première et bien souvent la seule dans cet espace de combat.
 
Elle faisait tourner sa corde et sa gestuelle était digne des plus grands champions du noble art. Son sport à elle pourtant était le muay-thai et parfois le kick boxing.
 
Elle avait été séduite dès 14 ans, l’âge ou les adolescentes se soucient plus des séries télé ou de leur look. Son entrée à la salle fut comme une révélation et ce sport devint partie intégrante de sa vie, le club comme sa deuxième maison et ces partenaires d’entraînement, une autre famille !
 
Pourtant le lieu qui la faisait se transcender était, bien sûr, le ring sur lequel elle monterait dans un moment. 
 
Assise dans le vestiaire, seule et déjà en tenue de combat, elle profitait de ces minutes de calme avant la tempête. Elle entendait les bruits de la foule, à travers les cloisons, qui encourageait les participants du combat précédant.
 
Dans sa tête, elle cherchait la concentration mais à peu près comme tous les combattants, il était très difficile de trouver cette distance avant l’affrontement.
Tout se mélangeait souvent !
 
Tout se précipita d’un coup, le passage des vestiaires au ring, la musique qui résonne, les cris à son arrivée sur le ring. Ce tonnerre qui rugissait d’un coup et mettait la tension à son comble !
 
L’émotion pure, le danger, le goût du sang, les coups et la souffrance !
 
Après les recommandations traditionnelles de l’arbitre, le combat démarra en trombe. La grande brune en short rouge et au regard cinglant se précipita littéralement sur la guerrière et la bombarda de directs semi crochets. C’était désordonné mais surprenant et efficace si bien que celle-ci se retrouva au sol, sonnée et déjà marquée !
Des spectateurs se levèrent abasourdis, certains sifflèrent ou huèrent persuadés d’assister à un combat truqué pourtant il n’en était rien !
 
La guerrière se releva péniblement et fit face.
La boxe, école du courage et de l’honneur !
Elle se déplaça en évitant les coups comme elle le pouvait mais finit bel et bien cette reprise debout et rageuse.
Les deux silhouettes s’approchèrent au centre du ring dans le halo du plafonnier.
A contrejour, on aurait pu imaginer deux ombres se jaugeant et se tournant autour comme des félins en bataille…
 
La seconde reprise vit la remontée de la guerrière, ses tibias bloquant les low-kicks pour remiser en front kick, ses poings allant chercher le menton de l’adversaire. Les bras glissant comme des lianes, s’accrochant aux creux des coudes, elle jouait de son poids pour basculer l’autre fille tout en assénant des coups de genoux aux côtes et au plexus.
Cette danse violente et fascinante que l’on nomme corps à corps et que peu maîtrise à merveille !
 
La troisième reprise vit la domination de la guerrière, au sommet de son art, devant une adversaire qui ne cède pas mais subit une correction impressionnante.
Deux femmes, deux combattantes qui à l’égal des hommes se seront fait violence pour s’exprimer sur un ring, pour aller au-delà de la douleur.
 
Deux femmes qui brillent dans ce sanctuaire jusqu’alors réservé aux hommes, que l’on peut saluer pour leur compétence et leur technique mais aussi et surtout pour leur courage et leur dignité.
 
Abbas
 
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