Amine Manaï « L’or sinon rien »

Ses premiers Championnats d’Europe.
 
I l manque souvent le réveil et n’aime pas les privations alimentaires. Une discipline qui lui a déjà coûté deux sélections.
Pour les Championnats d’Europe à Manchester (3-6 mai 2012), Amine Manaï, 22 ans, aura l’occasion, voire l’obligation, de se rattraper et de confirmer son immense talent. 
Pour lui, pas de doute, sa mission est de ramener la médaille d’or. Rencontre  avec un jeune homme hors norme.
 
Ludovic Vo, l’entraîneur de l’équipe de France, en est persuadé. « Amine aurait déjà dû être champion d’Europe ou champion du monde en Seniors. Il possède un tel potentiel qu’il est capable de battre n’importe qui. » Son surnom dans les coulisses tricolores : CRS ! « Pourquoi ? Quand tu l’envoies, ça déménage ! », rigole Ludovic Vo. « C’est un guerrier. Il n’a peur de rien. Il ne lâchera jamais de la 1ère à la dernière seconde et, si un mec le bat, il ne s’en sortira pas indemne. Il charge jusqu’à ce que l’adversaire craque. Et il frappe très fort ! »
 
Seulement voilà. A 22 ans, Amine Manaï n’a pas encore disputé un seul championnat international chez les Seniors. Et, presque bizarrement, ceux qui s’annoncent à Manchester (4-6 mai) se trouvent déjà la croisée de ses chemins. Hors norme en Taekwondo, le jeune Isérois l’est tout autant dans sa gestion du quotidien d’un sportif de haut niveau. Il a déjà manqué un Euro et un mondial pour « indiscipline ». Vu son talent et la concurrence nationale, il ne peut plus se permettre de perdre du temps. « Il le sait », ajoute Ludovic Vo. « A Manchester, il n’a pas le choix compte tenu de ses écarts (nourriture, gestion du sommeil) et ses manquements (retards) : il doit au minimum accéder au podium. Mais, moi, je suis persuadé qu’il peut atteindre la plus haute marche. »
 
Aline Manaï aussi en est persuadé. Et il est tout aussi conscient de l’enjeu. Amine Manaï n’a d’ailleurs jamais été aussi régulier depuis le début de la saison. Sur sept tournois, il n’a manqué qu’une fois le podium. Aligné au Test Event olympique en décembre (3e), il était même en tête de liste pour représenter la France au tournoi de sélection olympique à Kazan, fin janvier.
 
« J’avais fait ce qui fallait mais ils ont préféré Mamédy (Doucara). Ce fut frustrant mais il me manquait certainement un petit truc : l’expérience », pense Amine Manaï. « Et être positionné comme un combattant qui peut battre tout le monde. Mais, aujourd’hui, la déception est passée. Je me dis que j’aurais le temps de voir pour les J.O. Je suis concentré sur mon objectif : remporter le titre à Manchester. L’or sinon rien. »
 
La pression ? Il ne connaît guère. Il n’a pas besoin de musique ou de gri-gri pour se concentrer. Simplement être seul et « monter en pression ». « Je connais mes adversaires. Je les ai tous combattus. Le plus à craindre étant le champion du monde turc, Servet Tazegul. Il m’a battu une fois en finale du TIP 2010, 2-1. J’avais besoin de le rencontrer pour voir comment c’était. J’ai vu que je n’étais pas si loin de lui et qu’il ne me manquait pas grand-chose. Je suis en confiance. »
 
 
Retrouvez la suite de cet article dans le numéro 395, Mai 2012, en vente en kiosques.

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