Par Ludovic Mauchien
C’est un incroyable exploit que les Françaises ont réalisé à Gyeongju (Corée), lors des Championnats du monde (1er – 6 mai). Gwladys Epangue, déjà sacrée en 2009, et Anne-Caroline Graffe remportent la médaille d’or face à des… Coréennes. Marlène Harnois complète le succès tricolore en glanant une médaille de bronze. De bon augure à deux mois des qualifications olympiques.
Elle en est restée toute pantoise. Puis elle est tombée à genoux. Gwladys Epangue venait de voir que les arbitres lui donnaient la décision face à la Coréenne Oh Hye-Ri en finale des Championnats du monde (-73 kg). « Je n’y croyais pas un seul instant. Contre une Coréenne en Corée… », soufflait la Française. « Je suis super contente. En 2009, à Copenhague, j’avais gagné grâce à un esprit revanchard, suite aux J.O. de Pékin. Cette année, ce n’est pas mon objectif principal. »
Elle venait avant tout en Corée pour marquer son territoire et les esprits de ses adversaires en vue du Tournoi mondial de qualification pour les J.O. (28 juin – 3 juillet à Bakou, Azerbaïdjan). Elle ne s’est pas gênée… Ses principales adversaires vont s’en souvenir, à commencer par la Turque Aydin qu’elle n’avait pas encore battue « à la régulière » (large défaite en Coupe du monde 2010 et victoire à la décision à l’Open d’Allemagne au printemps). Cette fois-ci, Gwladys Epangue prit le match en main et la priva de solutions (3-1 en ¼ de finale). Face à une autre concurrente sérieuse, la jeune Oh Hye-Ri en finale, elle se montra encore offensive, même si la Coréenne aurait pu aussi marquer.
« Gwladys est redoutée »
« Entre son désir de combattre, son expérience, ses qualités et son charisme sur le tapis, Gwladys réduit la marge d’erreur et force ces moments-là. C’est ce qui fait la décision », souligne Oury Sztantman, responsable du Pôle France à l’INSEP et directeur adjoint des équipes de France et, surtout, son prof’ de toujours. « Elle montre une maîtrise de plus en plus affirmée de son niveau de jeu. Elle a aujourd’hui la maturité d’une grande championne. Et elle est redoutée. »
Et pour cause ! Depuis ses 16 ans et sa première finale européenne, Gwladys a disputé quatre finales mondiales ; deux perdues en 2005 et 2007, deux gagnées en 2009 et 2011 ! En remportant ce deuxième titre de championne du monde, dans une catégorie différente (-67 kg en 2009 ; -73 kg cette année), Gwladys Epangue, à 27 ans, entre dans l’histoire. Mais, à l’instar de ses coéquipiers, l’objectif ultime reste les Jeux Olympiques. « La médaille d’or », précise-t-elle.
« Elle a vécu un rêve éveillée »
Cela se jouera en +67 kg (les caté olympiques sont différentes). Le chemin vers la sélection pour Bakou était totalement dégagée pour Gwladys jusqu’au… titre de championne du monde d’Anne-Caroline Graffe en +73 kg, l’autre exploit tricolore de ces mondiaux. « Eh, oui, les faits font qu’on devient concurrente ! Avoir deux championnes du monde en concurrence pour les J.O., c’est quand même top ! Quel luxe ! », sourit la Tahitienne, 25 ans.
Vice-championne d’Europe l’an passé, 3e en 2008, elle visait un podium à Gyeongju. « Je suis la première surprise d’être championne du monde », rigole-t-elle. « Je n’imaginais pas pouvoir remporter l’or. C’est vrai que je suis quelqu’un qui doute beaucoup ». Ce titre et ce tournoi lui en ont enlevé. La manière dont elle a livré ses combats a été époustouflante. Trois coups de pied retournés au visage dont deux, en quart et en demi-finale, lui donnent la victoire.
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