Début février, une patrouille de militaires de l’opération Sentinelle se faisait attaquer à la machette sur le parvis du Louvre à Paris. Grâce à la réaction adéquate des soldats formés, expérimentés et aguerris, cette attaque se soldait par une neutralisation rapide de l’assaillant et par une blessure relativement légère d’un des militaires dans une situation d’affrontement violent en combat rapproché. Ce fait nous fait prendre conscience de l’importance grandissante de la qualité dans la formation de nos militaires de plus en plus engagés et exposés dans les missions de protection intérieure ainsi que dans les opérations extérieures.
Au même moment une équipe du 27ème Bataillon de Chasseurs Alpins s’entraînait intensivement au combat au corps à corps dans le cadre de leur formation spécialisée dans leur quartier à Annecy / Cran Gevrier. Ils bénéficiaient pour cela de l’intervention d’un spécialiste du SAMBO venu faire partager les techniques de cette discipline de combat russe, particulièrement réputée pour son efficacité.
Rappelons ici que le 27ème Bataillon est une unité « phare » de l’armée de terre, ce corps d’élite de la 27ème Brigade d’Infanterie de Montagne est spécialisé dans l’intervention d’urgence en conditions difficile et dispose d’un Groupement Commando appartenant au cercle fermé des forces spéciales. Depuis la professionnalisation de l’armée française, il est fortement sollicité dans les opérations extérieures et dernièrement dans l’opération Sentinelle au profit de la protection intérieure du territoire.
L’Adjudant Hakim, chef adjoint du service des sports, instructeur et patron de la formation TIOR (Techniques d’interventions opérationnelles rapprochées) du Bataillon a invité Frédéric PAEZKIEWIECZ, professeur diplômé d’état en Sambo et lieutenant dans la réserve citoyenne de défense, à intervenir durant tout un mois sur un cycle de formation destiné à des Chasseurs Alpins se spécialisant dans la protection rapprochée. La collaboration entre ces deux instructeurs experts a pour objectif de perfectionner l’entraînement aux TIOR et C4 (Combat au Corps à Corps pour Combat de haute intensité) en y intégrant les techniques du Sambo. Frédéric Paezkiewiecz, avec le soutien de l’Adjudant Hakim, a mis un point d’honneur à présenter des modules adaptés répondant aux besoins spécifiques des militaires. Bien qu’agissant en tant que réserviste citoyen, collaborateur civil de la Défense, Frédéric est également un ancien militaire de carrière ayant servi quelques années en tant que sous-officier au Bataillon d’Annecy et il reste sensible à la réalité de la mise en condition opérationnelle.
Cette intervention s’étale sur une trentaine d’heures consacrées spécialement au développement des techniques de boxe et de percussions pieds et poings ainsi qu’à la lutte au sol. L’équipe de stagiaires est composée de chasseurs alpins expérimentés, triés sur le volet et dont certains sont des pratiquants avancés d’arts martiaux et sports de combat, on y trouve même un professeur diplômé d’état spécialiste du Vo Viet Vo Dao. Afin de valider leur formation, ils seront tous évalués sur une période de tests où ils devront enchaînés trois séquences en combat d’un round de 3 minutes avec un engagement total dans chacun des secteurs travaillés : boxe anglaise, boxe pieds-poings et lutte au sol. Ces domaines sont particulièrement maîtrisés par les adeptes du Sambo sportif et de combat qui évoluent dans le cadre de pratique du Comité Français de Sambo associé à la Fédération Française de Lutte.
Les entraînements spécifiques au profit des militaires sont organisés avec des séances thématiques de 1h30, regroupées sur une demi-journée, deux fois par semaine. Le travail technico-tactique et les phases d’application en combat s’enchaînent de façon dynamique sur le tatami du dojo du Bataillon. Le haut niveau de condition physique des chasseurs alpins et leur engagement très professionnel permettent une progression assez rapide dans le déroulement de la formation.
Dans les phases de combat debout de nombreux exercices de mobilité spécifiques au Sambo de combat ont permis d’acquérir rapidement des attitudes. La pratique d’enchaînements simples mais très dynamiques a été privilégiée afin de développer l’efficacité en combat. Chaque séance comportait des rounds d’accoutumance et d’aguerrissement en plein contact.
Pour les phases de combat au sol, dans la tradition du Sambo, diverses techniques de lutte, de judo et de jujitsu ont été étudiées pour travailler sur les très nombreuses possibilités de contrôles, de retournements, d’immobilisations et de soumissions. Les surprenantes clefs de jambes, caractéristiques de la discipline, ont été abordées pour compléter le tout. Bien sûr, les temps de combat étaient tout aussi présents et intenses sur ce secteur de travail.
Le Sambo a été initialement développé en Russie pour l’entraînement des soldats de l’Armée Rouge, ses techniques d’entraînement trouvent naturellement leurs places dans le cadre de la préparation opérationnelle d’une unité militaire d’élite. Son arsenal peut parfaitement s’intégrer dans le répertoire de la méthode des TIOR. Il vient parfaitement compléter l’instruction de grande qualité donnée par l’équipe du service des sports du 27ème BCA. Ce partenariat permet de renforcer le lien armée-nation en faisant profiter nos militaires des compétences développées au sein d’un sport de combat pratiqué dans le civil.
photos : 27e BCA