KYOKUSHINKAÏ : « 10ème championnats du monde »

 
Le vent du renouveau a soufflé lors de la 10e édition du Tournoi Mondial toutes catégories de Karaté Kyokushinkaï, qui s’est déroulée du 4 au 6 novembre à Tokyo.
Pour la première fois depuis 1975, c’est un Russe qui s’est imposé. À 20 ans, Tariel Nikoleishvili est devenu le plus jeune champion du monde de l’histoire.
De leur côté, les Français ont aussi affolé les stats. Maxime Demeautis les 32e de finale et Djema Belkhodja atteint les 16e. Du jamais vu !
Ils étaient venus en force et constituaient, avec leurs 35 fers de lance, le principal bataillon du 10e Tournoi mondial de Kyokushinkaï, devant les Japonais et les Brésiliens.
Ce n’est pourtant pas la loi du nombre qui a permis aux Russes de placer l’un d’entre eux sur la plus haute marche du podium pour la première fois depuis la création de ce Tournoi mondial en 1975.
C’est plutôt son talent, sa vista, son culot et sa combativité qui ont donné à Tariel Nikoleishvili le droit de trôner sur le Kyokushinkaï mondial pour les quatre ans à venir.
À seulement 20 ans, ce qui en fait le plus jeune champion du monde de toute l’histoire, Nikoleishvili s’est imposé en finale face au tenant du titre, le solide Brésilien Ewerton Teixeira.
Le Russe, une tête de moins sous la toise et plus de 20 kg de déficit sur la balance par rapport au Brésilien, aurait pu jouer la montre.
Bien au contraire, il rendit coup pour coup. Les trois premières minutes furent, somme toute, équilibrées.
S’il a semblé que Nikoleishvili ait pris un avantage lors de la 1ère prolongation, Isobe Senseï, qui officiait comme arbitre central, en décida autrement.
Le 2e extraround fut plus serré et c’est à la décision que le titre mondial fut (logiquement) accordé au Russe.
Ce dernier termine ainsi l’année 2011 invaincu puisqu’il avait déjà remporté le All Japan en -90 kg et s’était illustré en devenant le premier non Japonais
à gagner le All Japan en toutes catégories.
 
 Le plus beau tournoi depuis 1987
 
 
« C’est un magnifique champion du monde », souligne José Pernas, le « représentant national » à Tokyo. « Il est sympa, fair-play et envoie du lourd.
En plus, le niveau était supérieur à celui de 2007. De l’avis de tous les Shihan que j’ai rencontrés, c’était le plus beau championnat du monde depuis 1987.
C’était effectivement une très belle compétition. » 
D’autant plus que les Tricolores ont glané des résultats jamais obtenus auparavant, à commencer par Djema Belkhodja, l’élève de Lucian Gogonel (éliminé, lui, au 1er tour).
Vainqueur de l’Australien Goodin (waza ari), puis du Russe Abzotov (décision) et du Brésilien Santin (décision), le Français s’incline de justesse en 16e de finale (décision) face au Japonais
Arata, tombeur de Teixeira et Kurbanov à l’Open de New York et vainqueur du All Japan en super-lourds.
De son côté, Maxime Demeautis a lui aussi écrit l’histoire en accompagnant Belkhodja jusqu’en 16e de fi nale, une deuxième première pour les Français.
Le Parisien s’est défait du Sud-Africain Dawes (décision) puis de l’Argentin Ruarte, un élève d’Isobe (décision), avant de perdre face au Japonais Sawamura à… la balance (93 kg pour Demeautis contre 77 pour Sawamura) !
De son côté, Julien Grenouillet, exempté du 1er tour, est éliminé au 2e tour sur Ippon (shita tsuki au foie) par le Russe Ilya Karpenko, futur 6e du tournoi.
Quant à Baptiste Delaunay et Guillaume Grundler, ils n’ont pu franchir les 64e de finale, respectivement dominés à la décision par le Roumain Stochitoiu et le Japonais Onuma.
« Notre bilan est plutôt positif », poursuit José Pernas, qui a profité de son séjour au Japon pour passer avec succès son 4e dan, comme Franck Pérétel et André Avena.
« Je suis content. Ils ont tous fait de super combats, même ceux qui ne passent pas le 1er tour. »
 Kapanadze combat la main cassée !
 
Parmi les têtes de liste européennes, seul le Bulgare Damyanov est parvenu à tirer son épingle du jeu, terminant à la 5e place suite à son élimination après prolongation par le futur vainqueur, Tariel Nikoleishvili.
Le Russe d’origine Tchétchène, Lechi Kurbanov, perd lui en 8e de finale contre le Japonais Onuma.
Au même stade, l’Espagnol Alejandro Navarro qui a subi la loi d’un autre Russe, Goderzi Kapanadze (décision) alors qu’il avait remporté tous ses combats par K.O. jusque-là.
Pour les plus de 10 000 spectateurs présents au gymnase de Tokyo, le héros et le vainqueur moral de cette 10e édition restera justement Kapanadze.
Le Russe se casse la main lors de l’épreuve de casse (Tameshiwari) disputée avant les 16e de finale.
Main bandée, il va tout de même dominer le Brésilien Diogo Silva (demi-fi naliste à Bercy) puis Navarro et, en 1/4 de finale, l’Ukrainien Ieromenko.
Il ne s’inclinera qu’après deux prolongations en demi-fi nale contre Nikoleishvili avant d’atomiser le Japonais Akaishi pour la troisième place.
Matsustasu Oyama aurait certainement été fier de lui.
 Ils ont dit…
 
 
EWERTON TEIXEIRA
 « Ce fut un tournoi très difficile, du premier combat jusqu’au dernier. En finale, je n’ai rien à regretter. Je voulais l’emporter dans les trois premières minutes.
J’ai utilisé toute ma force et mon endurance. En prolongation, j’étais fatigué. C’est évident que j’aurais voulu devenir le premier non Japonais à être deux fois champion du monde.
Mais cela n’a pas été possible. La vie continue…Et bonjour aux lecteurs de Karaté Bushido ».
 
 
DJEMA BELKHODJA
 « C’était plutôt sympa… En 2007, je m’étais blessé à l’entraînement et je n’étais pas dedans.
Cette année, je perds à la décision contre le vainqueur du All Japan en super-lourds (Arata) en 16e de finale.
Être le premier Français dans le Top 32 ? On me l’a beaucoup répété. C’est pas mal ! Je n’avais jamais combattu sur trois jours et j’étais peut-être un peu fatigué.
Mais je n’ai aucun regret, sinon celui d’avoir perdu. »
 
 
MAXIME DEMEAUTIS 
« J’ai donné tout ce que je pouvais donc je ne peux pas avoir de regret dans ce 32e de fi nale que je perds face au Japonais Sawamura, qui est instructeur eu Hombu Dojo. Il y avait beaucoup de rythme et le combat fut très serré vu que je perds seulement à la balance. Je suis tout de mêmen content d’être dans le Top 64. »
 Classement 2011
1 Tariel Nikoleishvili (Rus)
2 Ewerton Teixeira (Bré)
3 Goderzi Kapanadze (Rus)
4 Makoto Akaishi (Jap)
5 Zahari Damyanov (Bulg)
6 Nikolai Davydov (Rus)
7 Oleksandr Ieromenko (Ukr)
8 Ilya Karpenko (Rus)
Meilleur esprit : Kapanadze (Rus)
Meilleur technicien : Sawamura (Jap)
Meilleur casse (Tameshiwari) :
Damyanov (Bulg), 24 planches
Meilleur jeune : Nikoleishvili (Rus)
 
Le palmarès. 1975 : Sato (Jap). 1979 :
Nakamura (Jap). 1984 : Nakamura (Jap).
1987 : Matsui (Jap). 1991 : Midori (Jap).
1995 : Kazumi (Jap). 1999 : Filho (Bré).
2003 : Kiyama (Jap). 2007 : Teixeira (Bré).
2011 : Nikoleishvili (Rus).
 
Retrouvez la suite de cet article dans le numéro 1112
Par Ludovic Mauchien 

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