Les Français brillent, Aghayev illumine

 
Plus de 800 combattants venus de 62 pays ont éclairé de leurs talents la 1ère étape de la nouvelle « Premier League » lancée par la Fédération internationale à Coubertin (14-15 janvier).
Avec les Championnats du monde en ligne de mire, les Français, avec 6 victoires et 16 podiums, ont magnifiquement tiré leur épingle du jeu lors de cet Open de Paris.
Comme d’habitude, le quadruple champion du monde, Rafaël Aghayev, a fait le spectacle.
Il est vraiment unique ! A chacune de ses sorties, il confirme qu’il est incontestablement la pépite du Karaté mondial, sa star, celui que l’on veut absolument voir combattre.
D’ailleurs, comme d’un seul mouvement, dès qu’il apparaît, un murmure monte des tribunes et les regards se tournent vers le tatami où Rafaël Aghayev va se produire et faire son show.
Le quadruple champion du monde n’a pas failli à sa réputation. Mieux, il est apparu affûté et serein comme jamais.
Dansant en face de ses adversaires pour mieux les balayer ou leur asséner l’un de ses magnifiques (Ura) Mawashi dont il a le secret, l’Azerbaïdjanais a aussi su entretenir le suspense.
Ce ne fut malheureusement pas face aux Français Dramé (3-0 en 16e de finale) ou Rghioui (4-0 en ½ finale), qui ont pourtant montré de belles choses, mais en finale.
Le jeune Marocain Nizar Halim, dont on reparlera sans aucun doute dans l’avenir, a réussi l’exploit de mener 4-0 (balayage puis Uraken).
Allait-on voir Aghayev subir une défaite historique ? C’est bien mal connaître le plus beau palmarès de l’histoire du Karaté.
Il changea de stratégie et revint aux basiques : les Gyaku tsuki. En 40 secondes, il remonta à 3-4. Puis la lumière fut, une nouvelle fois…
Un Mawashi jambe avant jaillit en sortie de corps à corps : 6-4 ! Bravo, champion !
 Aghayev indétronable
 
Rafaël Aghayev se positionne logiquement en grandissime favori des -75 kg pour les Championnats du monde qui se profilent à Paris (12-15 novembre à Bercy).
Il sera compliqué pour les Français de le déloger de son piédestal, d’autant plus qu’ils n’ont guère brillé dans cette catégorie placée sous haute surveillance des sélectionneurs.
« Nous avons d’ores et déjà choisi les titulaires pour les Championnats d’Europe (10-13 mai à Tenerife, Espagne) sauf dans trois catégories : en -75 kg et en -84 kg chez les garçons ainsi qu’en -68 kg chez les filles », explique Dominique Charré, le directeur technique national (DTN).
 
« En -75 kg, l’enjeu était clair : celui qui gagnait partait à l’Euro. Mais les résultats ont été décevants même si Davy (Dona) a plutôt réalisé un beau parcours.
Celui de Kenji (Grillon) est plus terne. »
Aucun des deux n’est en effet parvenu à monter sur le podium.
Mais si Grillon réalise une contre-performance en se faisant sortir par un autre Français en ¼ de finale (5-3 pour Abdel Boujaaba), Davy Dona se montra plutôt en jambes.
Le champion d’Europe 2003 réalisa un coup de maître au 1er tour en éliminant sans discussion l’Italien Busa, vice-champion du monde (5-0).
Mais il chuta ensuite contre le champion d’Europe, le Néerlandais René Smaal (1-0 en ¼ de finale), il est vrai, de manière discutable.
En fait, un troisième larron pourrait se glisser dans l’histoire : Azdin Rghioui, brillant 3e, ne chutant que face à Aghayev en ½ finale (4-0).
 Lopes et Rolle en meneurs
 
Cela étant, avec six victoires et un total de 16 podiums, les Français achèvent le tournoi avec le sourire.
« Nous n’avons pas eu de surprises par rapport à ce que l’on a observé en première partie de saison », soulignait Louis Lacoste, l’un des trois entraîneurs nationaux avec Yann Baillon et Olivier Beaudry.
« Nous ne sommes pas plus avancés avec les -75 kg et les -84 kg mais les autres ont confirmé. »
A commencer par Johan Lopes en -60 kg, qui s’affirme de plus en plus à chacune de ses sorties.
Titulaire pour la première à l’Euro en mai dernier, il fit forte impression, n’encaissant que deux petits points en six combats.
En clair, il ne fut jamais inquiété pour finalement l’emporter 5-0 contre l’Italien Vastola en finale. William Rolle (-67 kg) s’est fait un peu plus peur.
Après s’être défait du champion du monde 2008, le Croate Dondjoni (2-0), il se retrouva mené en demi-finale puis en finale face aux Marocains Ksekssou et Boujedi.
Les deux fois, le Français réussit à remonter au score sans se déconcentrer pour s’adjuger un succès final bienvenu (4-4, décision en demi ; 4-2 en finale).
« Tout le monde sait qu’il a le plus haut niveau international », soufflait Dominique Charré. « Je suis très heureux pour lui. J’espère que cette victoire est la première d’une longue série. Idem pour l’équipe Kata, dont je suis persuadé qu’elle a le niveau d’un podium mondial. »
Jonathan Plagnol, Romain Lacoste et Jonathan Maruani, peu réveillés lors des tours préliminaires, beaucoup plus après avoir été « sermonnés » par leurs entraîneurs, se sont joliment joués des Croates en finale sous les yeux de Teddy Riner (voir par ailleurs).
Certes, Japonais, Espagnols et Italiens étaient absents mais leur prestation est de bon augure.Aït Ibrahim, abonnée en première
 
Vice-championne du monde en 2010 et championne d’Europe en titre (+68 kg), Nadège Aït Ibrahim continue de marquer les esprits à chaque compétition.
Elle a de nouveau fait le plein à Paris et tué toute concurrence, notamment celle de Ruth Soufflet, éliminée en ¼ de finale par l’Anglaise Hurry.
C’est cette dernière qu’Aït Ibrahim domine somme toute tranquillement en finale (2-0).
Par contre, la bataille fait rage en -50 kg entre Betty Aquilina, vice-championne du monde 2010, et Alexandra Recchia, championne du monde par équipes la même année.
Cette dernière a repris l’ascendant ces derniers temps puisqu’elle est sélectionnée pour l’Euro en mai. Mais rien n’est évidemment joué dans l’optique des mondiaux.
Alors, tout affrontement est crucial. Les deux Françaises nous ont offert ce plaisir en finale. Mais le combat fut plutôt fermé et la décision ne se fit qu’aux drapeaux en faveur d’Aquilina (4-0). Suite au prochain numéro… Avec, dans le casting, Emilie Thouy, qui a joliment accroché la 3e place.
Une deuxième non sélectionnée à l’Euro s’est illustrée à l’Open de Paris. Maeva Samy (-55 kg), devancée par Lucie Ignace pour Tenerife, s’est fait un plaisir de montrer qu’il faudrait compter avec elle.
En finale, elle domina facilement la Turque Erseker (3-0), tombeuse d’Ignace en 1/8e de finale (1-0). « Nous comptons sur elles », assure Dominique Charré.
« Je leur tire un coup de chapeau. Non sélectionnées, elles gagnent avec aisance. »
En vue des Mondiaux, Aurélie Calizingoué, titulaire à l’Euro dernier, est toujours dans la course, même si elle a été sortie en 8e de finale par l’Ukrainienne Terlyuga.
 Lolita Dona en finale
 
Bien qu’elle n’ait pas gagné, il n’y a cependant aucune inquiétude à se faire pour Lolita Dona (-61 kg).
La vice-championne du monde est apparue à son avantage et perd sur le fil la finale contre l’Autrichienne Buchinger, médaillée de bronze européenne en mai dernier, sur un Gyaku encaissé à 10 secondes de la fin.
La victoire n’a pas été non plus au rendez-vous pour Tiffany Fanjat (-68 kg), qui jouait gros sur ce tournoi.
Pour l’heure, aucune décision n’a été prise en vue de la sélection. Sonia Fromager tient la corde aux points (voir critères) mais, eu égard à son expérience, la championne du monde 2008 n’est pas hors course.
Et elle avait l’œil du tigre comme cela faisait longtemps qu’on ne l’avait pas vu.
Elle n’a cependant pas ôté tous les doutes, même si elle est parvenue à monter sur le podium après sa défaite en demi-finale face à la future lauréate, l’Allemande Weiss, 5e à l’Euro 2011 (5-0). « Elle retrouve un certain plaisir et une certaine efficacité qu’elle avait perdus », reconnaît Louis Lacoste.
« On est content de la revoir à ce niveau. On a besoin d’elle. Mais on reste dans l’interrogation. »
Côté Kata, en l’absence de l’équipe de France féminine et de Minh Dack (en fin de convalescence de sa blessure à la hanche), et en sus des garçons, Sandy Scordo ne s’est pas ratée, seulement dominée en demi-finale par la Japonaise Inoue (5-0) qui, avec ses deux comparses de l’équipe championne du monde, truste le podium.
 Pas de podiums en +84 kg
 
Les Tricolores se sont par contre montrés moins en verve en -84 kg et +84 kg. « Chez les lourds, c’est une déception », admet même le DTN.
Ibrahim Gary, le vice-champion du monde 2008 et titulaire pour l’Euro, est tombé au 1er tour contre le Suisse Mahalla (3-1).
Nadir Benaissa (éliminé en quart par l’Allemand Horne, 1-0), Salim Bendiab ou Terence Bandudi Kusa, éliminés au 2e tour, n’ont su profiter de l’occasion pour marquer des points.
Idem en -84 kg. En l’absence du médaillé de bronze européen, Jean-Christophe Taumotekava, victime d’une rupture des ligaments croisés à l’Open d’Allemagne en octobre, aucun international n’a brillé.
Mickaël Serfati est sorti en 16e, Cédric Siousaran en 8e et Larry Dona en ¼. Jérémy Aubertin sauve l’honneur en prenant la troisième place.
Globalement, l’équipe de France a fait bonne impression lors de cet Open de Paris. Mais le plus dur reste à venir….
 Les Français à l’Euro
 
La sélection pour les Championnats d’Europe à Tenerife (10-13 mai) était d’ores et déjà établie avant cet Open de Paris, sauf pour trois catégories.
Le staff tricolore s’est basé sur un classement établi suite aux résultats obtenus par chacun dans plusieurs compétitions : Championnats d’Europe 2011, championnats de France, Coupe de France et les Opens d’Istanbul, d’Autriche et d’Allemagne.
 Hommes.
 
-60 kg : Lopes.
-67 kg : Rolle.
-75 kg : Grillon ou D. Dona.
-84 kg : Sioussaran ou Serfati.
+84 kg : Gary.
 
 Femmes
 
 
-50 kg : Recchia.
-55 kg : Ignace.
-61 kg : L. Dona.
-68 kg : Fanjat ou Fromager.
+68 kg : N. Aït Ibrahim.
 
Les Championnats du monde à Bercy constituent l’objectif prioritaire du Karaté français en 2012.
Si les choses très sérieuses commenceront en juin, la montée en puissance est d’ores-et-déjà programmée.
Outre leurs entraînements individualisés, les internationaux vont être assujettis à de nombreux stages dont voici le programme jusqu’aux Championnats d’Europe (sous réserve de modification).
 
27-29 janvier. Stage au pôle de Chatenay-Malabry.
23-26 février. Stage au pôle de Chatenay-Malabry.
10-11 mars. Open des Pays-Bas.
26-31 mars. Stage (Pays basque ?).
12-15 avril. Stage au Pôle de Montpellier.
26-29 avril. Stage au Pôle de Montpellier.
10-13 mai. Championnats d’Europe à Tenerife (Esp).
 
 Les podiums 2012
 
La « Premier League », dont l’Open de Paris est l’étape initiale, doit compter six tournois.
A chaque fois, des points sont attribués et un classement final sera établi fin 2012 après les Opens d’Indonésie (en juin), Turquie et Allemagne (en septembre), Autriche (en octobre) et Suisse (en décembre). Voici les premiers leaders.
 Hommes -60 kg
 
1. Lopes (Fra)
2. Vastola (Ita)
3. Maresca (Ita) et Giuliani (Ita)
 Hommes -67 kg
 
1. Rolle (Fra)
2. Boujedi (Mar)
3. Bonelli (FKA Marseille/Fra) et Gidakos (Gre)
 
 Hommes -75 kg
 
1. Aghayev (Aze)
2. Halim (Mar)
3. Rghioui (Fra) et Nikulin (Ukr)
 Hommes -84 kg
 
1. Vandeschrick (Bel)
2. Bolat (All)
3. Aubertin (SIK Paris/Fra) et Horuna (Ukr)
 Hommes +84 kg
 
1. Arsovski (Mac)
2. Maniscalco (Ita)
3. Cecunjanin (Mon) et Horne (All)
 Kata
 
1. Diaz (Ven)
2. Casanova (Ven)
3. Galindo (Ven) et Busato (Ita)
 Kata par équipes
 
1. France
2. Croatie
3. KD Lich (All) et KCVO Villepinte (Fra)
 Femmes -50 kg
 
1. Aquilina (Fra)
2. Recchia (Fra)
3. Yildirimer (Tur) et Thouy (Fra)
 Femmes-55 kg
1. Samy (Fra)
2. Erseker (Tur)
3. Ignace (Fra) et Ilievska (Mac)
 Femmes -61 kg
 
1. Buchinger (Aut)
2. L. Dona (Fra)
3. Ferrer Garcia (Esp) et Williams (Ang)
 Femmes -68 kg
 
1. Weiss (All)
2. Sherozia (Rus)
3. Fanjat (Fra) et Warda (Pol)
 Femmes +68 kg
 
1. N. Aït Ibrahim (Fra)
2. Hurry (Ang)
3. Martinovic (Cro) et Florentin (FKA Marseille/Fra)
 Kata
 
1. Usami (Jap)
2. Inoue (Jap)
3. Scordo (Fra) et Kajikawa (Jap)
 Kata par équipes
 
1. Italie
2. Croatie
3. Spazio Sport (Ita)
 
 
Par Ludovic Mauchien

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