Refusant les sirènes des grandes salles, Belal Muhammad incarne la loyauté et le travail acharné dans un MMA dominé par les superteams. De ses débuts tardifs à son couronnement, le champion des poids welters de l’UFC écrit une trajectoire singulière, loin des clichés.
Une ascension construite sur la fidélité
Dans un univers où les combattants changent de camp au rythme des opportunités, Belal Muhammad détonne. Le champion des welters UFC a forgé sa légende en restant fidèle à son équipe originelle, refusant les offres prestigieuses pour des raisons de cœur. Parti de rien, sans pedigree en lutte ni racines du Caucase, il s’est hissé au sommet par la force du travail et de l’engagement collectif. Un exemple rare de fidélité dans un sport individualiste.
Un parcours à contre-courant dans l’élite du MMA
Alors que la majorité des champions UFC proviennent de camps suréquipés ou de traditions de lutte profondément ancrées, Belal Muhammad fait figure d’exception. Commencé à 23 ans, son parcours n’a rien d’un conte de fée mais tout d’un combat de chaque instant. Sans racines daghestanaises, sans background en lutte universitaire, le natif de Chicago s’est forgé à force de sueur, de discipline et d’une loyauté inébranlable envers son équipe originelle.
Loin de chercher à rejoindre les plus grands camps pour maximiser ses chances au titre, Muhammad a fait un choix radical : rester avec ceux qui l’ont formé.
« Ce sont ces gars qui m’ont amené ici. Nous sommes arrivés ensemble, nous allons gagner ensemble », a-t-il affirmé sur le Full Send Podcast.
Ce credo de fidélité, rare à ce niveau de compétition, est devenu sa marque de fabrique.
Refus des superteams : un choix de cœur et de principes
À l’approche de son combat pour le titre mondial, les propositions ne manquaient pas : clubs huppés, sparring prestigieux, préparations sur mesure. Pourtant, Muhammad les a toutes déclinées. Pour lui, l’aventure ne pouvait se faire qu’avec son équipe de toujours, composée d’hommes qui, malgré leurs familles et emplois à temps plein, ont sacrifié temps et énergie pour l’accompagner sur chaque étape de son ascension.
Cette philosophie de groupe lui a permis de remporter la ceinture UFC et de prouver qu’on peut atteindre l’élite sans trahir ses racines.
« Ils vont à la salle avec moi, ils étudient les vidéos. Je dois tout leur rendre », a-t-il confié. Une vision fraternelle et engagée du MMA, à rebours des logiques de rendement.
Tension avec Kamaru Usman : des mots aux éclats
Le tempérament entier de Muhammad s’est récemment illustré dans un échange tendu avec l’ancien champion Kamaru Usman, lors du podcast animé par Henry Cejudo.
Ce qui devait être un simple échange d’idées s’est mué en confrontation verbale musclée, ponctuée par une phrase acérée de Belal.
« Tu n’as pas mieux encaissé le headkick que moi ».
La sortie a déclenché une réaction violente d’Usman, menaçant de régler ça « sur le champ ».
Cet incident témoigne du franc-parler de Muhammad et de sa confiance nouvelle. Loin de chercher l’escalade, il affirme aujourd’hui vouloir que l’altercation serve de leçon.
« Je n’ai pas besoin de jouer les durs sur Internet. On peut se parler face à face ».
Pas de combat contre Islam Makhachev : la loyauté avant la gloire
Autre preuve de ses principes : Muhammad refuse catégoriquement d’affronter Islam Makhachev, champion des poids légers et camarade d’entraînement. Si l’UFC envisageait un super-combat pour réunir les ceintures, il se dit prêt à monter en poids moyens plutôt que de trahir cette fraternité.
« La loyauté compte plus que tout. Si je défends deux fois mon titre, je pense que le 185 est une division facile pour moi », a-t-il déclaré, envisageant un règne parallèle avec son ami Islam dans deux catégories distinctes.
L’UFC 315 comme tremplin vers une domination durable ?
Belal Muhammad doit désormais confirmer son statut de champion légitime à l’UFC 315 face à Jack Della Maddalena, un challenger jeune et explosif. Ce combat pourrait consolider sa position au sommet des welters, dans une division en pleine reconfiguration.
Mais au-delà de la victoire ou de la défaite, Muhammad s’impose comme l’illustration d’une autre voie : celle de la fidélité, du mérite et de l’abnégation. À l’heure des changements de camps opportunistes et des stratégies de carrière dictées par l’algorithme, son histoire fait écho à une valeur oubliée : celle de rester fidèle à ceux qui ont cru en vous avant tout le monde.
Une figure atypique qui inspire au-delà de l’octogone
Belal Muhammad n’est pas seulement un champion UFC ; il est devenu un symbole d'intégrité dans un sport de plus en plus gouverné par le marketing et les intérêts financiers. Son ascension tardive, sa loyauté farouche et sa détermination à incarner des valeurs fortes font de lui un combattant à part.
Dans un monde où tout pousse à l’optimisation individuelle, Muhammad nous rappelle que parfois, le chemin le plus long est aussi le plus noble. Et c’est peut-être pour cela qu’il mérite plus que jamais sa place au sommet.
Crédit photo Instagram, @bullyb170