Président de France JKA depuis 2016, Bertrand Jaillet défend une vision ouverte, rigoureuse et fidèle du karaté japonais au sein de la Japan Karaté Association.
Lors du dernier Festival des Arts Martiaux à Paris, Bertrand Jaillet a offert une démonstration marquante. Professeur au Dojo 5 dans le Quartier Latin, 5e dan JKA, il dirige depuis 2016 France JKA, la branche française de la mythique Japan Karaté Association. Entretien exclusif avec un homme qui veut conjuguer tradition, ouverture et excellence.
La JKA en France : entre héritage et évolution
Une réputation à reconstruire. Longtemps perçue comme fermée, la JKA a souffert en France d’une image sectaire, renforcée par une pédagogie rigide et une culture de la filiation parfois excluante.
Bertrand Jaillet en est conscient : “L’usage excessif du mot oss ou l’idée que certains sensei étaient les seuls gardiens de la vérité ont pu décourager.”
Un virage assumé. Aujourd’hui, France JKA œuvre à l’ouverture, tout en conservant l’exigence technique héritée du Hombu Dojo de Tokyo.
“Être les gardiens de la grande tradition n’est pas incompatible avec l’ouverture aux autres”, insiste Bertrand.
"Être les gardiens de la grande tradition n’est pas incompatible avec l’ouverture aux autres" – Bertrand Jaillet
Une volonté claire : moderniser l’image sans renier les fondements.
Le karaté JKA : précision, profondeur, transmission
Une pédagogie exigeante. À la JKA, les kata sont enseignés de manière uniforme à travers le monde. Les passages de grade valorisent la qualité d’exécution plutôt que la quantité de techniques apprises. Le tout dans une logique de formation continue, structurée et cohérente.
Une philosophie globale. Le Dojo Kun – code éthique du karatéka – reste le socle spirituel de la JKA. Chaque entraînement est aussi un travail sur soi, une quête d’harmonie entre esprit, corps et technique.
La vision d’un instructeur engagé
Enseigner au cœur du Quartier Latin. Bertrand Jaillet enseigne au Dojo 5, un lieu emblématique chargé d’histoire. Fondé en 1909, il a vu passer de grands maîtres et continue de rayonner grâce à une équipe passionnée.
Un pratiquant curieux. Formé au judo, puis au karaté-do, il s’est aussi enrichi par la pratique du taijiquan, du yiquan, du chanbara ou du saikido. “Ces disciplines m’ont permis d’approfondir ma compréhension du mouvement, au service d’une approche plus globale du budo.”
"L’essor du MMA est une opportunité stimulante"
Bertrand Jaillet ne voit pas le MMA comme une menace, mais comme un rappel salutaire : “Sans réalisme, les arts martiaux sont voués à péricliter.” Il cite Lyoto Machida, formé à la JKA, comme l’un des exemples d’un karatéka ayant brillamment transposé ses acquis dans l’octogone.
Structurer l’avenir du karaté japonais
Un plan sur 5 et 10 ans. Bertrand Jaillet veut faire de France JKA un réseau visible, structuré, fidèle à l’éthique du budo. En s’appuyant sur la formation d’instructeurs, la consolidation des liens avec la FFK, la JKA Europe et la JKA Japon, il entend renforcer la place du “karaté japonais” dans le paysage français.
Relations fédérales apaisées. “Nous ne cherchons pas à nous substituer à la FFK, mais à renforcer notre présence en son sein”, explique-t-il. Une approche respectueuse et complémentaire.
Une pédagogie au service des générations futures
Pour Bertrand Jaillet, l’avenir du karaté traditionnel dépendra de sa capacité à transmettre un savoir vivant, cohérent, et adapté à son époque.
“Le karaté n’est pas un musée. C’est une discipline en mouvement, un art martial qui doit parler à la jeunesse sans perdre son âme.”
Entre fidélité au message de Funakoshi, rigueur technique et adaptation aux enjeux contemporains, la JKA France sous sa direction trace un chemin exigeant, mais nécessaire : celui d’un karaté japonais moderne et crédible, pour aujourd’hui et demain.
Si vous souhaitez en savoir plus sur Bertrand Jaillet et la JKA, retrouvez son portrait complet dans Karaté Bushido n°454 en cliquant ici.
Crédit photo Karaté Bushido DR