Michio Shimada « Croyez en vous »

Il a été l’élève du grand Kenichi Sawaï, fondateur du Tai Ki Ken.
 
Pour lui, le Kumite n’est pas un vain mot. Combattre sans protections et à pleine puissance est un entraînement incontournable.
 
Mais pour parvenir au sommet de l’Art Martial, il faut d’abord maîtriser son corps, en connaître les fondements et en comprendre le fonctionnement.
 
C’est ce qu’enseigne Michio Shimada, héritier du fondateur du Tai Ki Ken. Paroles d’un guerrier Zen…
 
« J’ai rencontré des gens puissants, remplis d’énergie, lors de mon séjour ».
 
Juste après le salut de circonstance, c’est la première phrase que prononce Michio Shimada lors de notre rencontre à Paris, où il est venu à l’invitation de l’association ANYDA, présidée par Jean-Luc Lesueur, son représentant en France.
 
Après quelques heures passées en la compagnie du Maître, on comprendra mieux pourquoi Michio Shimada a commencé par exprimer ce sentiment.
 
Parce que l’héritier de Kenichi Sawaï (1903-1988), le fondateur du Tai Ki Ken, va à l’essentiel et ne se perd jamais dans des méandres théoriques.
 
Et, pour lui, l’essence, la base, le fondement de tout, c’est le Ki, l’énergie.
 
Peu importe le style, l’école, l’origine… L’important est de se connaître, de maîtriser l’énergie de son corps.
 
En fidèle élève de Sawaï Senseï, inséparable ami de Masutatsu Oyama, Michio Shimada s’inscrit dans la pure tradition du Budo.
 
Longtemps businessman averti, il a tout laissé tomber pour se consacrer exclusivement au Tai Ki Ken, qu’il enseigne à une poignée d’élèves dans on petit Dojo du quartier d’affaires de Shinjuku, à Tokyo.
 Kenichi Sawaï, un maître sino-japonais
 
Quand il part en Chine en 1931 comme officier de l’armée japonaise, Kenichi Sawaï (1903-1988) est 5e Dan de Judo et de Ken Jutsu, 4e Dan en Kendo et en Iaïdo et aussi haut gradé en Iaï jutsu et Ju jutsu qu’il a pratiqués avec des maîtres et combattants hors pairs tels que Isogaï au Butokuden de Kyoto, Mifuné et Toku Sanpo pour le Judo, Takaharu Naïto pour le Kendo, Seicho Aoyagi pour le Iaï Jitsu.
 
À Pékin, il défia l’un des plus grands maîtres d’arts martiaux chinois de l’époque : Wang Xiang Zhaï (1885-1963), fondateur du Yi Quan (I Chuan) dans les années 20, appelé à l’époque Da Cheng Quan. Mais il ne parvint pas à le battre et devient son disciple.
 
En 1946, il repart à Tokyo et crée le Tai Ki Ken, une méthode fortement influencée par le Da Cheng Quan et le Yi Quan, en fait une synthèse du Kung fu et des arts internes chinois. Le vrai nom est Tai Ki Shisei Kempo (Tai : grand, Ki : énergie, Shisei : très vrai ou honnête, Kempo : nom par les Japonais à la Boxe chinoise).
 
Dans son livre intitulé « The essence of Kung fu – Tai Ki Ken » publié en 1976 : il décrit « L’entraînement personnel à travers le Ritsu Zen (méditation debout) et le combat avec partenaires sont les seules façons d’arriver à l’intuition du Ki ».
 
Le Ritsu Zen est, selon lui, le coeur de la pratique martiale. C’est une méditation remplie de souffrances au-delà de laquelle se trouve l’expérience du Ki.
 Proche d’Oyama
 
Explications : « On ne peut, au début, maintenir la posture de Ritsu Zen que cinq minutes, dix tout au plus.
 
Mais, en persévérant, on peut tenir une demi-heure, puis une heure.
 
On peut alors entrer dans l’état de non-pensée (…) Au début, il est impossible de ne penser à rien (…) mais vous aurez bientôt mal aux jambes.
 
Votre tête s’emplira de douleur. Si vous dépassez cet état, vous vous trouverez dans l’état de vide ».
 
Proche de Masutatsu Oyama, dont il était l’ami et le conseiller, Kenichi Sawaï poursuivra toute sa vie la transmission de son art et tint une place particulière dans l’univers martial japonais.
 
Parmi ses élèves les plus connus, on trouve le Néerlandais Jan Kallenbach, qui est aujourd’hui le responsable pour l’Europe.
 
Jean-Luc Lesueur a reçu le Menkyo des mains de Kenichi Sawaï et fut le deuxième étranger diplômé. Il a reçu du fondateur la responsabilité de diriger le Tai Ki Ken en France.
 
Il y a actuellement en Europe quatre hauts gradés : trois Kyoshi, Jan Kallenbach, Jean-Luc Lesueur et Marshall Mac Donagh et deux Renshi, Jacques Legrée et Alain Stoll. 
 
Par Ludovic Mauchien.
 
Retrouvez la suite de cet article dans le numéro 1204.

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