Pascal Gentil en mode olympique

 
800 combattants, 40 nations, des travées remplies, du très haut niveau, un immense enjeu et… une finale rêvée : Pascal Gentil vs Mickaël Borot pour une sélection au tournoi de qualification olympique.
Gentil s’est imposé. L’histoire recommence… Et elle n’a pas évincé Marlène Harnois (-57 kg) et Mamédy Doucara (-80 kg), tous les deux vainqueurs et sélectionnés pour Kazan fin janvier.
Pour Yasmina Aziez (-49 kg) et Haby Niaré (-67 kg), la victoire n’aura pas suffi.Il se disait orphelin de Pascal Gentil deux jours avant le tournoi.
Il n’est pas certain que Mickaël Borot ait été animé du même sentiment après son net revers en finale des poids lourds le 10 décembre, au stade Pierre-de-Coubertin à Paris (8-3).
Cette finale, tout le monde en rêvait. Personne n’osait l’espérer tant le plateau était relevé chez les +80 kg.
Le champion olympique coréen, Cha Dong-Min (éliminé prématurément), le multiple médaillé espagnol, Jon Garcia, les Russes Umarov et Nikitin… Ils étaient presque tous là.
Comme d’habitude, Modibo, le double champion du monde, manquait à l’appel, préférant se préserver des regards en vue des J.O. Nos deux Français revenaient tout juste de blessure.
Cela ne s’est pas vu ! Mickaël Borot a été impérial jusqu’à la finale, infligeant un K.O. propre lors de son 1er combat à l’Autrichien Christopher Decker, avant de dominer le Batave Oogink (6-5) et le Slovène Trajkovic (14-2) en quart de finale. En demi-finale, le Coréen Lee Sang-Bin a préféré jeter l’éponge.
 Pascal Gentil, un Tsar à Kazan
 
De son côté, Pascal Gentil a connu un tour de chauffe face à Ouissem Youssefi (4-0) avant de retrouver le sempiternel Jon Garcia, qu’il a maîtrisé sur le fil (0-2, 3-2).
Son quart et sa demi-finale laisseront un goût d’inachevé car le Coréen In Kyo-Don et le Russe Kuznetsov ont eux aussi préféré abandonner.
Les entraîneurs de l’un et de l’autre auront quand même attendu que leurs poulains mènent devant le Français avant de lancer la serviette (5-4 pour le Coréen dans le 2e round et 3-2 pour le Russe dans le 3e). Dommage pour le spectacle, tant mieux pour notre franchouillardise.
Pascal Gentil et Mickaël Borot ne s’étaient plus affrontés depuis les Championnats de France en février 2009 (victoire du premier).
Gentil s’est ensuite arrêté pendant deux ans avant de revenir glaner un 15e titre national en février dernier.
Le sésame olympique qui semblait promis à Mickaël Borot allait de nouveau être disputé par les deux hommes comme pour les J.O. 2004 et 2008. 
Cette finale en était la première salve. Le vainqueur gagnerait sa place pour le tournoi de qualification olympique à Kazan, en Russie, fin janvier (voir aussi p.12).
La tension montait d’un cran. Après un 1er round d’observation (0-0), Gentil prenait légèrement l’ascendant sur un Borot moins en verve qu’auparavant (3-1).
Puis il se déploya au 3e round pour toucher à la tête et s’imposer logiquement (8-3). Pascal Gentil est de retour dans la course aux J.O. (voir encadré pour leurs déclarations) !
 
 Mamédy Doucara, le miraculé
 
 
En -80 kg aussi, c’est la foire à l’empoigne. Mamédy Doucara, Augustin Bata et Torann Maizeroi sont en lice pour le billet olympique. Le premier a échoué à Bakou, lors du tournoi mondial fin juin.
Les deux autres sont à l’affût. Bata était même classé n°1 mondial en septembre.
Cela promet aussi, d’autant plus que les clients sont légion : le prodige anglais Aaron Cook, son compatriote Craig Brown, l’Azerbaïdjanais Azizov, le Grec Tzellos, l’Italien Sarmiento (3e aux J.O. 2008)… Maizeroi se fait surprendre dès son 1er combat par l’Anglais Lutalo (7-5). 
L’heure de vérité sonnera en 8e de finale. Le combat tient toutes ses promesses. Augustin Bata prend le large dans le 1er round (5-1), mène même 6-1 avant que la machine Doucara ne s’allume : 6-6 à la fin du 2e round. Il touche à la tête à 40 secondes de la fin (9-7) et l’emporte finalement 11-7. La chance de Bata est passée. Mamédy Doucara, pourtant blessé pendant un mois et demi d’arrêt (déchirure au mollet), domine ensuite Tzellos, le vice-champion d’Europe 2010 (4-2), avant de remporter sa finale sur un (vrai) forfait sur blessure de l’Ivoirien Gbane. 
S’il parvient à qualifier la catégorie fin janvier, le Francilien pourrait voir un 4e larron s’ajouter à la bande : Ynoussa Sawadogo a en effet réalisé un parcours tonitruant et remarqué pour échouer de justesse en demi-finale face à Gbane.
 
 Raihau-Chin, c’est l’avenir
 
En-68 kg, le spectacle fut aussi au rendez-vous malgré l’absence du champion du monde turc, Servet Tazegul. La France déplorait les forfaits d’Amine Manaï, touché une semaine avant lors du test Event olympique à Londres, et de Steven Barclais, blessé au genou. Mais il restait du monde… 
A commencer par la jeune garde qui offrit un duel franco-français palpitant en 8e de finale. Adam Manaï prit le dessus sur Raihau Chin (4-2) avant de chuter en demi-finale face à l’Anglais Stamper, 3e des derniers mondiaux (12-7). Yassine Belhadj, contre le Suédois Ashna (9-5) et Jean-François Sarr, face au futur vainqueur, le Russe Kim (7-4), chutèrent en 8e de finale. 
En -58 kg, c’est l’armada russe qui imposa sa loi. Ni les Coréens, ni le champion du monde et champion d’Europe espagnol, Joël Bonilla, ni les Français Arnaud Sangue (éliminé par Bonilla), Mathieu Incaya et Sofiane Aziez ne parvinrent à freiner Denisenko et Poiseev.
 
 Harnois saisit sa chance
 
Chez les filles, seules l’une de nos deux championnes du monde étaient présentes. Gwladys Epangue, 1ère du test Event olympique une semaine avant, a préféré s’abstenir. Seule Maeva Mellier (éliminée en quart par Kurtovic, 10-0) représentait la France en +67 kg. 
De son côté, Anne-Caroline Graffe pouvait encore jouer une carte dans la sélection olympique en -67 kg, en espérant que cette catégorie soit choisie, tout comme la jeune Haby Niaré. Mais la championne du monde 2011 est éliminée dès les 8e de finale au point en or par la Néerlandaise Oogink. Quant à la plus jeune championne d’Europe française de l’histoire, elle n’aura rien à se reprocher. Haby Niaré gagne le tournoi, notamment en dominant l’Azerbaïdjanaise Azizova en quart.
L’enjeu était le même en -49 kg. Yasmina Aziez, Maeva Coutant et Sondess Ben-Tahar se devaient de marquer les esprits. Sait-on jamais ?… Le contrat a été rempli par Yasmina Aziez, qui s’impose en finale contre la Turque Yildirim, 3e aux Championnats du monde 2011 (1-0), tombeuse de Maeva Coutant en demi-finale. Sondess Ben-Tahar, alignée au Test Event le 3 décembre, sort de justesse en 8e de finale face à l’Ukrainienne Soroka.
Les succès de Haby Niaré et Yasmina Aziez n’auront pas suffi à faire plier la décision en leurs faveurs. C’est que Marlène Harnois ne l’entendait pas de cette oreille.
La championne d’Europe 2010, 3e des Mondiaux 2011, la Franco-québécoise tenait à se racheter de sa bévue de Bakou où elle n’était pas parvenue à décrocher le quota olympique.
Elle aura une deuxième chance, qu’elle a été encore provoquée lors de TIP. Sereine tout au long de la compétition, elle domine la vice-championne du monde anglaise, Jones, en demi-finale, avant d’assister à l’abandon de la Coréenne Kim Hwi-Lang en finale.
Cette dernière avait éliminée Floriane Liborio en demi (4-2). Reste à espérer que la Française et la Coréenne se retrouveront en finale des Jeux Olympiques en août prochain à Londres…
Les podiums 2011
 Hommes -58 kg
1. Denisenko (Rus) 
2. Poiseev (Rus)
3. Ramirez (Esp) et Dae-Hoon Lee (Cor)
 Hommes -68 kg
1. Kim (Rus)
2. Stamper (GB)
3. Fejzic (Ser) et Adam Manaï (Fra, Crolles)
 Hommes -80 kg
1. Doucara (Fra, Champigny)
2. Gbane (Civ)
3. Tzellos (Gre) et Sawadogo (Fra, Asnières)
 Hommes +80 kg
1. Gentil (Fra, St-Raphaël)
2. Borot (Fra, Champigny)
3. Kuznetsov (Rus) et Sang-Bin Lee (Cor)
 Femmes -49 kg
1. Aziez (Fra, Vénissieux)
2. Yildirim (Tur)
3. Valueva (Rus) et Coutant (Tampon La Réunion)
 Femmes -57 kg
1. Harnois (Fra, Aix)
2. Hwi-Lang Kim (Cor)
3. Jones (GB) et Liborio (Fra)
 Femmes -67 kg
1. Niaré (Fra, Val-de-Seine)
2. Klaey (Sui)
3. Mi-Jyung Kim (Cor) et Jyung-Seom Hwang (Cor)
 Femmes +67 kg
1. Kurtovic (Aut)
2. In-Jong Lee (Cor)
3. Gye-Mi Park (Cor) et Sae-Bom An (Cor)
 
 
Ils ont dit…
 Pascal Gentil
“ Le contrat est rempli. Je ne pouvais pas laisser passer l’objectif. Pour moi, aujourd’hui (lire le 10 décembre), c’était un entraînement. Car, mon premier objectif, c’est qualifier la France la 29 janvier. Je veux être à Kazan. Après, une nouvelle aventure commencera. Si j’échoue je serai à Pékin dès le 4 février. 
Mon seul souci pour l’instant a été ce mois d’arrêt en novembre dû à une déchirure de 10 cm à ma cuisse gauche. Je suis satisfait mais, en vérité, je vaux beaucoup mieux que ce que j’ai montré au TIP. Je suis loin d’être à mon maxi. J’ai fait pas mal de petites erreurs. Mais il fallait assurer et j’ai gagné. Après le stage en Iran (16-24 décembre), je serai un diable. »
 Mickaël Borot
« C’est un éternel recommencement mais le chemin est encore long. C’est la vie (il rit). Je pense que Pascal, par rapport à aujourd’hui (le 10 décembre), mérite d’aller à Kazan. Ensuite, j’espère le coiffer sur la ligne d’arrivée des J.O. de Londres. 
J’étais en jambes toute la journée mais, c’est vrai, moins en finale. J’ai laissé Pascal prendre le dessus et peut-être trop s’installer. Mais mon objectif n’est pas de battre Pascal Gentil. Il est d’être parmi les meilleurs mondiaux et Pascal est sur la route. Si je ne parviens pas à le battre, c’est qu’il a encore sa place. Je lui souhaite bonne chance et j’espère qu’il va la saisir (il rit). Il effectue un bon retour mais je reste serein. Je vais lui donner un maximum de fil à retordre. Après la qualification, s’il y parvient, les compteurs seront remis à zéro, enfin j’espère. »
 
 Mamédy Doucara
« C’est ouf ! C’est vraiment ouf ! (sic). Je n’aurais pas parié un billet sur Mamédy Doucara à ce TIP. Et je gagne ! Le sport n’est pas une logique. Je me suis fait une déchirure au mollet à l’Open de Manchester et j’ai été absent pendant six semaines. Je me suis présenté sans entraînement. C’est marrant mais j’ai l’impression d’être meilleur quand je ne suis pas à 100% ! A chaque fois que je ne viens pas avec mes armes, je fais un résultat ! C’est vrai que, dans ces cas-là, je me concentre surtout sur ce que je sais faire. En tout cas, j’ai montré à mes adversaires que je restais au-dessus d’eux. Je sors Mollet, Tzanos et Augustin (Bata). J’ai fait ce que j’avais à faire. »

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