Il a commencé comme apprenti pâtissier mais c’est sur les rings qu’il va distribuer les tartes. Immense champion de Boxe française, il va devenir un expert des opérations coups de poing au sein d’unités d’élite de la police : l’anti-gang, le GIPN et, surtout, pendant près de 20 ans, le RAID. Personnage haut en couleur, Robert Paturel est aussi connu pour avoir introduit le Tonfa en France et créé la Boxe de rue. Retour sur un parcours hors du commun.
Par Ludovic Mauchien
« Patu ? C’est notre Bruce Lee national ! Ce qui m’a toujours le plus étonné chez lui, c’est sa faculté à remettre en question ses acquis alors qu’il a un p… de CV ! En fait, c’est un chercheur. Il essaie toujours de s’enrichir en testant diverses pratiques. Puis il réfléchit pour mieux s’approprier la technique. C’est une légende des rings et de la police. Et il l’était déjà dans les années 80 ! »
Eric Quéquet maîtrise le sujet. Lui-même ancien policier d’élite (au GSPR), le fondateur de l’ADAC (Académie des Arts de Combat) l’a rencontré à la fin des années 80. « Je pratiquais le Karaté et il m’a fait découvrir la Boxe française (BF). A l’époque, il était au top du top. Il y avait de grandes affiches dans le métro sur ses combats. Il m’a fait passer mes examens. J’étais très intimidé et, en fait, j’ai découvert un mec super sympa, très à l’écoute de ses élèves. »
Pourtant, Robert Paturel, dit « Patu » donc, n’était pas prédestiné à une carrière au firmament de l’action. Né dans une famille modeste, il quitte l’école à 14 ans et devient apprenti pâtissier. Puis il découvre la BF. « J’ai toujours été attiré par cette discipline que je trouvais mystérieuse car elle était pratiquée par les héros de mon enfance : le Comte Rodolphe dans les Mystères de Paris, Rouletabille, Arsène Lupin, Tintin. Même Jules Vernes en parle », se souvient-il. « Je trouvais la gestuelle élégante. »
« C’était du combat total »
Un club s’ouvre près de chez lui, à Nanterre. Il s’inscrit chez Richard Genaudeau. Nous sommes en 1968. « J’ai tout de suite mordu. Au bout de quatre mois, je faisais mon premier combat. A l’époque, l’assaut à la touche n’existait pas. C’était du combat total. Les combats se sont multipliés. Il m’est arrivé de combattre trois fois dans un week-end ! », rigole-t-il aujourd’hui.
Son chemin va le mener au sommet de la BF. Il obtient le premier de ses six titres de champion de France en 1976. Il décide alors de quitter son emploi de pâtissier. « Je travaillais 12 heures par jour et mon patron ne me donnait pas mes week-ends. Je choisis la police. »
L’objectif ? Intégrer la compagnie sportive, ce qu’il fera à la fin des années 70. « Je m’intéressais à toutes les formes de combat. Dans mes cours, il y avait des champions de toutes les disciplines. Mais je me suis aperçu que les policiers ne connaissaient qu’une vingtaine de prises, surtout issues du Judo, et elles n’étaient pas forcément adaptées au métier. J’ai commencé à réfléchir à une méthode de self défense plus adaptée à la rue. »
Son poste de moniteur de sports de combat va lui permettre de côtoyer nombre de policiers. Contacté par la BRI (la célèbre Brigade anti-gang), il rejoint l’équipe du fameux commissaire Broussard (Ndlr : celui qui mit fin à la cavale de Mesrine) à la BAC. « Il adorait la Boxe. Il venait me voir à tous mes combats. Il n’hésitait pas à mettre les gants pour régler des comptes sur le ring avec ses hommes. C’était un très grand flic. Il prenait des risques. »
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