Le Katori Shinto-ryu, le Budo de l’instinct

Propos recueillis par Ludovic Mauchien (Merci à Jean-Paul Blond)A travers l’interview de deux de ses plus éminents représentants, Otake Nobutoshi et Kyoso Shinetoshi Senseï, l’esprit de la plus ancienne école d’arts martiaux du Japon se dévoile. Aux confins du divin et du quotidien, au cœur de l’âme japonaise, l’art du Katori Shinto-ryu exprime une tradition inchangée depuis six siècles. Est-elle totalement surannée ? Ou peut-on utiliser un enseignement datant de 600 ans au XXIe siècle ? La parole est aux maîtres.
 Le Tenshin Shoden Katori Shinto-ryu est unique ! A bien des égards ! C’est d’abord la plus ancienne école d’arts martiaux japonais répertoriée, avec le Daito-ryu Aïkijutsu. Six cents d’existence ! Ce fut la première à être reconnue par le gouvernement nippon comme Trésor National.C’est l’une des rares dont l’actuel « Soke », l’héritier garant de la tradition, est toujours un descendant direct du fondateur. Iizasa Yasusada appartient à la 20e génération. Pour des raisons de santé, il ne pratique pas les arts martiaux et c’est Otake Risuke, désormais âgé de 84 années, qui a recueilli tout le savoir de l’école et est en charge de l’enseignement.
 Le Shihan (maître instructeur) a formé dès leur plus jeune âge son fils, Nobutoshi, et Kyoso Shinetoshi, les deux Senseï que nous avons rencontrés. L’un des deux deviendra certainement un jour le « Soke » de l’école, ce qui constituera une première dans l’histoire du Katori Shinto-ryu.S’effaçant derrière leur personnalité, ils ont répondu conjointement aux questions, après mûre réflexion. Tous les deux sont détenteurs du « Gokui Kaiden », la plus haute récompense dans la pratique de cette école (il n’existe pas de grades). Ce qui signifie qu’ils maîtrisent l’unicité du Katori dans son maniement des armes (sabre, bâton, lance, Naginata, Shuriken), ses positions et ses mouvements de pieds et de corps.
 Par tradition, protection, méfiance, souci de fidélité ou nationalisme, les écoles traditionnelles cultivent le secret. Profondément ancrée dans la personnalité japonaise, le sens de la pratique du Katori Shinto-ryu permet de percer l’âme des guerriers du levant au plus profond d’elle-même. Reste à la comprendre. Dans un premier temps, Otake Nobutoshi et Kyoso Shinetoshi Senseï ouvrent la leur.
 
 Quelle est l’âme, l’esprit, du Katori Shinto-ryu ?
 
L’un de ses enseignements principaux est le « Hyoho Wa Heiho Nari », « l’art de la guerre est le chemin vers la paix ». Iizasa Choisai (1387-1488), le fondateur de notre école il y a environ 600 ans, accordait la plus grande importance à prévaloir, ou dominer, sans conflit.
 Quelle en est la philosophie ?
 
Le Katori Shinto-ryu accorde la plus haute importance à l’incarnation dynamique (ou active) de l’esprit du sacrifice, même dans des circonstances que d’autres trouveront dangereuses ou épuisantes, à l’instar de la classe des guerriers féodaux au Japon.
 Quel est le lien du Katori Shinto-ryu avec la religion ?
 
Le Katori Shinto-ryu est une tradition globale qui inclue les arts martiaux, la stratégie ainsi que les études psychologiques et philosophiques. Il a été influencé par la secte (sic) bouddhiste de Shingon Mikkyo (Ndlr : littéralement, « l’enseignement secret du monde véritable »). Ces études sont très pratiques comme, par exemple, l’étude du « Kuji No Ho », un entraînement mental qui prépare ses praticiens à s’impliquer immédiatement et complètement dans les circonstances les plus dures.
Cette affiliation au Shingon Mikkyo est évidente quand on examine les armes japonaises de l’époque féodale. On constate que 90 % des inscriptions ou des gravures sur les sabres, lances et hallebardes (Naginata) sont des déités bouddhistes que la classe de guerriers tenait comme les plus sacrées, et qui sont associées avec cette même secte bouddhiste.
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